Statut de l’animal en ville

LIVRE BLANC DE l’ANIMAL DANS LA VILLE
Contribution d’ANIMAVIA
Groupement avicole et zoologique du Nord de la France
En 1924, les éleveurs amateurs d’animaux de basse cour de races pures de la région lilloise se sont regroupés dans une association dénommée « la Basse Cour familiale de Lille », imaginée dans la foulée des jardins ouvriers de l’Abbé Lemire avec pour double objectif d’améliorer l’alimentation des populations défavorisées et « d’amener l’ouvrier vers la beauté par la contemplation du monde animal ». Cette association a évolué au fil des décennies pour devenir ANIMAVIA, groupement avicole et zoologique du nord de la France, en 1964. L’association poursuit quatre buts : défendre la pratique de l’élevage d’agrément, promouvoir les races locales, véritable patrimoine génétique régional enfin favoriser l’usage d’une « pédagogie animalière » à travers les fermes d’animation, l’éducation des éleveurs, la sensibilisation aux techniques pouvant accroître le bien-être animal.
Dans ce contexte, ANIMAVIA adhère totalement à la démarche du livre blanc initiée par la LPA. L’association se sent particulièrement concernée par plusieurs points repris ci-dessous.
L’ANIMAL DOMESTIQUE N’EST PAS UN BIEN DE CONSOMMATION
Les animaux de compagnie sont devenus, au cours des vingt dernières années, des « biens de consommation » générant un commerce lucratif à grande échelle où seul compte le profit au détriment de toute éthique. La commercialisation aisée entraine des achats impulsifs, sans réelle prise de conscience des responsabilités prises pour de longues années. On constate aujourd’hui une absence quasi-totale d’information réelle des acquérant au niveau des points de vente dans la grande distribution.
Il faut exiger la « traçabilité » de tous les animaux détenus par l’application des techniques respectant l’animal : la pose de puces informatiques ou de bagues. Les associations d’éleveurs amateurs sont déjà largement engagées dans ces processus.
Il est essentiel de distinguer l’élevage d’agreement de l’élevage à visée commerciale, qu’il soit pratiqué par des professionnels du commerce ou des « amateurs ».
INFORMER, EDUQUER, EVITER
La détention d’un animal domestique entraîne des responsabilités, une formation nécessaire. Il est essentiel de prendre les moyens d’une éducation des « aspirants propriétaires ». ANIMAVIA souhaite que les associations puissent favoriser l’information et la formation à la détention d’animaux domestiques dans le respect des spécificités biologiques, sociales, et comportementales des animaux souhaités
L’action au niveau des jeunes est primordiale. On doit favoriser le développement des centres d’éducation au respect animal comme les fermes pédagogiques, lieux où les enfants, mis en contact avec des animaux vivants, peuvent éprouver le plaisir de ce contact et prendre conscience des responsabilités et inconvénients que génèrent les animaux dits de compagnie. Cette prise de conscience peut conduire à l’abandon du projet même d’accueillir chez soi un animal dont on a ainsi mieux mesuré les inconvénients, les charges.
ADAPTER LA VILLE A L’ANIMAL…
Aujourd’hui l’animal de compagnie est de plus en plus exclu de la ville, au moment où des études récentes (Institut Pasteur par exemple) démontrent son importance tant dans la vie sociale que dans l’épanouissement psychologique.
La réglementation de nombreux lotissements interdit, de fait, la présence d’animaux de compagnie, interdiction renforcée par la fermeture de jardins publics aux chiens même tenus en laisse.
Il faut favoriser, à l’image de ce qui se fait en Angleterre, Hollande, Allemagne et des villes françaises, l’aménagement de sites réservés à la promenade des animaux de compagnie, réglementer l’usage des grands parcs entre zones ou périodes où la protection de la faune sauvage interdit toute présence de chiens, de zones à usage de laisses longues, de zones de mises en liberté
Il faut organiser l’intervention des associations de protection animale ou de comportementalistes dans les parcs au contact des propriétaires de chiens pour favoriser une réelle éducation et responsabilisation et une meilleure cohabitation entre propriétaires et promeneurs
Pour les associations d’éleveurs de volailles d’agreement qui poursuivent un but de préservation de la diversité des souches animales, il faut favoriser l’émergence, en France, des « enclos d’élevage » (Zuchtanlage en Allemagne) où les éleveurs amateurs peuvent détenir leurs animaux dans d’excellentes conditions sanitaires et éthiques sans créer de nuisances
INTERDIR LES PRELEVEMENTS – GERER LES POPULATIONS
Il faut aller jusqu’à interdire concrètement tout prélèvement dans le milieu naturel à fin d’alimenter le commerce des animaux d’agrément. Aujourd’hui, des sites entiers de poissons coralliens, d’insectes et d’araignées sont menacés de disparition uniquement par ces achats impulsifs. Seuls devraient être autorisés à la vente des produits d’élevages en captivité reconnus et contrôlés. Cela passe par la stricte application de la réglementation concernant les certificats de capacités pour la possession d’animaux d’origine sauvage qu’il faut renforcer avec la mise en place de circuits de formation réels accessibles aux amateurs.
Enfin, pour permettre le retour en ville d’animaux sauvages, il faut favoriser l’usage de techniques douces dans le traitement des espaces verts en privilégiant les usages protégeant la biodiversité : gestion différenciée, abandon de l’usage des pesticides etc. La présence de l’animal sera aussi renforcée par la pratique de l’éco pâturage dans la gestion des grands espaces pour des raisons écologiques mais aussi pour favoriser le contact entre l’animal de rente et l’enfant trop souvent coupé des réalités animales.

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